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Posté par PSYCHO PIRATE |
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Je me suis un peu mal exprimé en parlant de dessins minables. Ce que je voulais dire c'est que les dessinateurs peuvent être interchangeables dans la plupart des cas. Pour Watchmen par exemple si à la place de Dave Gibbons on avait eu Brian Bolland, Frank Robbins, Gil Kane ou même Dick Ayers ou Don Heck le résultat final aurait eu quasiment la même portée. Par contre pas de Moore pas de Watchmen. |
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Je suis encore une fois en désaccord.

La qualité, l'identité même d'un bon comic-book tiennent autant de son scénariste (même si celui-ci est un narrateur exceptionnel) que de son artiste. Les grandes bd sont la conjugaison de deux talents parfaitement accordés, qui tirent dans le même sens, où aucun des deux n'écrase vraiment l'autre mais le valorise.
Par son dessin apparemment modeste, classique, pas particulièrement virtuose ou audacieux, Gibbons était le partenaire idéal pour Moore sur
Watchmen.
Watchmen dessiné par Williams III, ce serait presque trop, sûrement très beau, puissant visuellement, mais pour une mécanique de précision comme
Watchmen, il fallait un dessinateur sobre, qui n'en rajoute pas. De même,
Promethea sans Williams III mais dessiné par Gibbons n'aurait pas (c'est le cas de le dire) cette magie baroque.
Le risque, c'est souvent d'avoir un déséquilibre d'un côté ou de l'autre : un scénariste trop fort par rapport à un dessinateur moyen va l'écraser et la bd va boîter. De même, un artiste trop balèze peut doper une histoire qui gagnerait à être illustré plus sobrement parfois.
En revanche, quand les deux partenaires sont sur la même fréquence, c'est un vrai régal parce que la bd acquiert une harmonie qui comble le lecteur. D'une certaine manière, une bonne bd est musicale, c'est comme du jazz exécuté par deux solistes qui ont compris que ce qui compte, ce ne sont pas leur solos respectifs mais l'énergie du morceau. Il ne faut pas montrer ses muscles mais bien jouer la partition (d'ailleurs, dans le cas où un mec fait tout, scénar et dessins, sa réussite, c'est ce dosage entre la rigueur du scénar et la vigueur du dessin - Franquin ou Eisner l'avaient parfaitement compris, par exemple).